La balade débute à l'abbaye. Aiguebelle est une abbaye cistercienne, et comme le veut la tradition de cet ordre, elle a été fondée dans une vallée isolée et boisée, ici nous dirons plutôt un vallon. Ce vallon se trouve à la confluence de trois rivières, d'où le nom de belles eaux, aigues belles.
Passons devant la réplique de la grotte de Lourdes
et grimpons le chemin qui longe le ruisseau.
L'eau par le passé a été canalisée pour les besoins du travail monastique
Nous arrivons face à la route, il faut prendre le chemin en face, balisé ainsi :
Nous suivons nous le chemin M3. Devant le magasin de l'abbaye un panneau propose en effet plusieurs balades de différentes longueurs. Il faudra que je revienne...
Cette première partie se fait à couvert, dans les bois à l'ombre des arbres, ce qui me semble intéressant pour une balade estivale. Arrivés à une clairière, le chemin semble faire demi-tour, mais c'est pour franchir le ruisseau et repartir sur l'autre rive.
Au niveau du gué mon regard est attiré par cette construction que je pris tout d'abord à tort pour un perchoir de chasseurs.
Mais il s'agit en fait d'un oratoire appelant à la prière en souvenir des 7 moines de ND de l'Atlas à Thibirine en Algérie massacrés dans des conditions plus que troubles en 1996. Notre Dame de l'Atlas était l'un des monastères fondé par ND d'Aiguebelle.
"7 vie pour Dieu et l'Algérie" |
Un rongeur a voulu manger les prières...
On remonte le ruisseau par sa rive droite.
Et ce ruisseau il faut le retraverser plus loin à gué encore, et remonter le vallon pour des lieux plus dégagés composés principalement de champs de lavandin.
Montjoyer n'est plus très loin, on aperçoit les premières maisons.
On marche peu de temps sur le goudron que l'on quittera au niveau d'un virage à gauche pour couper court par un chemin bien sympathique bordé de murets en pierres comme j'apprécie.
On approche |
D'autant que le voisinage est tout aussi sympathique.
Le chemin débouche devant l'imposante église située à l'entrée du vieux village. Si elle est située à l'écart c'est qu'elle a été construite en 1854 pour remplacer la vieille église située au centre du village et jugée trop vétuste.
Les peintures murales intérieures dont l'église est presque entièrement recouverte ont été exécutées par des moines de l'abbaye d'Aiguebelle en 1879. Mais je ne peux vous les montrer, n'ayant pu rentrer à l'intérieur, St Pierre avait gardé les clés....
L'histoire du village de Montjoyer est étroitement liée à celle de l'abbaye d'Aiguebelle. Celle-ci est créée en 1137 sur des terres qui sont données par le seigneur de Rochefort en Valdaine, Gontard Loup aux abbés d'Aiguebelle. Les moines qui s'y installent viennent de Morimont en Champagne. Ils construisent un ensemble de bâtiments : cloître, église, réfectoire....
Ces moines font partie de l'ordre cistercien de la stricte observance. Ils suivent la règle de St Benoit : vie en communauté à l'écart de la vie ordinaire, vie simple et pauvre, faite de prières et de silence, communauté vivant en autarcie grâce au travail manuel des moines.
Les moines de l'abbaye d'aiguebelle agrandissent progressivement leur domaine au fur et à mesure des donations des seigneurs voisins en leur faveur. Ils exploitent leurs terres. A l'emplacement actuel de Montjoyer ils installent une grange monastique, la Grand'grange. Cette grange est à l'origine du village. Petit à petit la Grand'grange devient un hameau de Réauville. Enfin en 1842 Montjoyer accède au statut de nouvelle commune de la Drôme, et obtient que l'abbaye d'Aiguebelle soit sur son territoire.
Montjoyer a gardé de son passé médiéval des ruelles avec passage couvert, un morceau de rempart dans lequel s'ouvre une porte qui dû être la porte d'entrée du village.
Au centre de la place du village cette fontaine surmontée d'une statue de St Paulin patron de l'église du village.
L'arrivée d'eau de cette fontaine sort du bec d'un cygne en bronze
La grange monastique à l'origine de la commune :
Il est temps de repartir. Pour cela j'emprunte un temps la route qui retourne à Roussas via l'abbaye, direction sud-ouest.
avant de continuer sur un chemin direction sud, qui passe devant la station d'épuration écologique avec lits de roseaux, et devant de beaux champs de lavandins qui mériteront une petite visite lors de la floraison.
Les abeilles s'activent déjà |
Le chemin continue à travers champs, bois et truffières, il faut le suivre sans discontinuer jusqu'au poteau "Chemin des Vignes" situé à 2km de Montjoyer.
Si vous trouvez la balade un peu courte, vous pouvez continuer sur la gauche pour faire le circuit de l'abbaye, à droite c'est plus court puisqu'il ne vous restera que 700 mètres à parcourir jusqu'au lieu de méditation des moines.
Pont sur le ruisseau du Rang |
Ruisseau du Rang en contrebas |
Retour à l'abbaye
L'âge d'or de l'abbaye se situe à la fin du XIXème siècle où plus de 220 moines s'occupaient de la culture de céréales, des animaux de la ferme et pratiquaient l'apiculture. De nos jours les moines ne sont plus qu'une vingtaine et tirent l'essentiel de leurs ressources de la boutique proposant des produits ainsi que ceux d'autres communautés religieuses dont celles qui ont été fondées par Aiguebelle. Parmi ces produits l'Alexion, boisson aux plantes, des tisanes, ainsi que le baume d'Aiguebelle.
L'hospitalité est une autre règle de St Benoit. A ce titre les moines accueillent des retraitants désireux de trouver un lieu de ressourcement spirituel dans leur hôtellerie.
Pont sur le ruisseau du Rang vu d'en bas |
Marques de tâcheron sur l'église |
Cette petite balade devrait plaire aux amateurs de calme et de spiritualité. Ce lieu rafraichissant baigné par les eaux, la présence de bois alentours et de champs de lavandins font qu'il se visitera idéalement en début d'été.
Source IGN |
Le printemps en janvier :
Comme prévu, je suis revenue à Montjoyer à la saison des lavandes en fleurs, pour suivre cette fois le circuit M1 : C'EST PAR ICI